samedi 15 octobre 2016

Histoire

Préhistoire 

 

Entre 12 000 et 8 000 avant notre ère, le climat de l’Europe s’est réchauffé et des animaux ont migré vers l’Irlande en traversant un pont terrestre reliant le Nord-Est de l’Irlande et le Sud-Est de l’Ecosse.

Des pêcheurs « ramasseurs » commencèrent à s’établir vers 8 000 avant notre ère sur les plages.

Ces hommes du Mésolithique vivaient de ce qu’ils recueillaient sur les rives, dans les rivières, les lacs et les forêts.

A l’embouchure de la rivière Bann et de la mer, des huttes rondes de 6 mètres de diamètre comportant un four central ont été découvertes. Il s’agit sans doute d’un camp saisonnier.

Différents des Celtes de Grande-Bretagne, les Gaëls peuplent l’île dès le IVème siècle avant J.-C. et en font une mosaïque de petits royaumes. Christianisés par Patrick au Vème siècle de notre ère, ils fondent une brillante civilisation dont l’impact ne manque pas de se faire sentir sur toute l’Europe, même si par ailleurs l’anarchie politique domine l’ensemble du pays.

Les premiers agriculteurs

Le défrichage des forêts a débuté peu avant le début du néolithique (Nouvel Age de la Pierre).

Vers 3 000 ans avant notre ère, les hommes se sont mis à cultiver la terre.

Des traces d’activité agricole ont été trouvées sous les tourbières spécialement dans le comté de Mayo.

Sur les sites de Behy et de Glenulra, des murs de pierres marquant les limites de champs ont été découverts. En sondant les tourbières, on a également  découvert un réseau de champs s’étendant sur plusieurs miles.

Des traces de charrues primitives ont été repérées au niveau de ce qui était à cette époque la surface du sol.

Les gens de cette époque pratiquaient à la fois la crémation et l’inhumation dans des tombes mégalithiques collectives.

La forme la plus ancienne est le « Cairn à cour » découvert surtout au nord  de la frontière des comtés de Mayo et de Louth. Une ou deux cours se trouvaient à l’entrée (probablement pour accueillir le cortège funèbre).

Les chambres mortuaires étaient situées à l’arrière sous un tumulus.

Beaucoup de ces premiers établissements ont tiré parti des crêtes où les premiers agriculteurs trouvaient des sols légers et bien drainés.

La culture Néolithique

Aux alentours de 2 500 avant notre ère, des colonisateurs arrivèrent de Bretagne.

L’immense cimetière mégalithique de la vallée de la Boyne est leur œuvre. Les grandes tombes à couloir de Newgrange, Knowth et Dowth dominent la région. Nulle part ailleurs, le caractère sophistiqué de l’homme du Néolithique n’apparaît  aussi clairement.

La recherche de l’orientation reflète le souci des saisons. La grandeur du site donne à penser qu’une caste de prêtres a mis en place un rituel riche de symbolisme.

A la fin du Néolithique, peu avant l’an 2 000, les inhumations individuelles prédominent, mais la tradition mégalithique s’est maintenue plus particulièrement dans le genre de monuments appelés « dolmen à portique ».

La plus impressionnante de ces tombes se trouve à Brownshill dans le Leinsteir. La pierre de couverture en granit pèse 100 tonnes.

Les poteries trouvées dans les tombes et auprès des dolmens donnent à penser que des populations venues de Scandinavie (originaires peut-être d’Europe centrale) s’introduisirent dans la région de la mer d’Irlande.

L’ère des métaux

Avec ces adeptes de l’inhumation individuelle, nous entrons dans l’âge des métaux et une culture pan-européenne apparaît alors, appelée « culture du vase campaniforme » à cause de la forme particulière des poteries.

Dans le nord de l’Irlande, on peut constater la persistance des sépultures collectives avec crémation et inhumation.

Les populations venant du continent arrivent par le Sud-Ouest de l’Irlande, pénètrent graduellement dans le Nord par l’ouest du pays et donnent naissance à la province occidentale.

Dans l’Est de l’Irlande, apparaissent des populations venant de Grande-Bretagne.

Lorsqu’on a découvert les différents ensembles mégalithes, ainsi que les tombes garnies de mobilier funéraires, on a évidemment  associé la notion de culture à celle des rites funéraires de ces populations.

Le Haut Moyen Âge

La christianisation

Avec la conquête  de l’Angleterre par les Romains, au Ier siècle de notre ère, l’Irlande découvre une technologie plus avancée et des idées nouvelles.

Les Irlandais commencent à coloniser les côtes occidentales de l’Angleterre romaine aux IVème et Vème siècles du Sud de l’Ecosse jusqu’aux Cornouailles. C’est de cette manière que le Christianisme s’est répandu  en Irlande.

On entre alors dans la période de l’histoire documentée.

En 431, deux diocèses sont fondés dans le Leinster et dans les comtés du Centre.

Vers le milieu du VIème siècle, le pays est christianisé.

Aux VIIème et VIIIème siècles

Au VIIème siècle, une littérature riche et palpitante naît de la fusion entre l’érudition latine et la tradition locale, en langue populaire.

C’est une des plus anciennes du Haut Moyen Age en Europe.

Le travail des métaux atteint un niveau de perfection et les hautes croix de pierres montrent également une grande maîtrise de ce matériau.

Les grandes églises représentent les institutions les plus aptes à exploiter les nouvelles inventions telles que le moulin à eau horizontal et la charrue lourde.

Le clergé irlandais rédige  la première codification du droit canon, celle-ci amenée sur le continent, servira de base aux développements futurs du droit canon.

Il est évident que l’Eglise a un impact considérable sur l’élaboration des lois et sur l’institution des droits et devoirs d’un souverain juste.

Politiquement, le pays est soumis à une hiérarchie de royautés. Le roi le plus puissant est naturellement roi d’une province.

L’esclavage aboli sous l’influence du Christianisme est réintroduit parce qu’il représente une source évidente de richesse.

Aux Xème et XIème siècles : villes et monastères

La société tribale évolue rapidement et des villes de type norvégien telles que Dublin, Limerick et Waterford se développent au début du Xème siècle.

De même, de grands monastères commencent à développer une économie de marché. Ils atteignent l’apogée de leur développement au Xème siècle. En témoignent : les hautes croix, les tours rondes et les grandes églises réparties autour d’un espace ouvert central.

Au Xème et XIème siècles, le développement du commerce international et le contrôle des richesses, provoquent de subtils changements dans la politique irlandaise et Dublin se trouve désormais au centre de l’attention politique.

 

En parralèle, du VIIIème au XIIème siècle, l’'île est régulièrement envahie par les Vikings puis les Normands, qui en font une marche de l’Angleterre qu’ils finissent par dominer.

Aux XIIème et XIIIème siècles

Successivement reprise par la couronne anglaise (Henri II au XIIème siècle, les Tudor au XVIème siècle, Cromwell au milieu du XVIIème siècle), l'île fait aussi un temps l’objet d’une colonisation par des Écossais. Mais de fait, elle est continuellement le théâtre de jacqueries, de soulèvements et d’une opposition endémique au pouvoir de Londres.

À la domination politique et à l’oppression économique s’ajoute la question religieuse puisque la majorité des Irlandais «d’origine» sont catholiques, et non protestants comme leurs élites «imposées».

La royauté irlandaise, les deux derniers siècles avant l’arrivée des Normands, est bien loin de ses origines tribales. Seuls quelques rois ont un réel pouvoir politique.

De grandes maisons dynastiques dominent la scène comme ailleurs en Europe.

Les rois comme les évêques jouent un grand rôle dans l’introduction d’un ordre nouveau, c’est en effet un roi Diarmait Mac Murchada (Dermot Mac Murrough ) qui amène dans le pays en 1169 des mercenaires normands. Ce qui aura des conséquences qu’il ne peut évidemment pas imaginer…

Du XIIème au début du XXème siècle : une longue période coloniale

L’invasion de l’Irlande se situe en 1169. Dermot Mac Murrough, roi déchu de Leinster, demande l’aide d’un groupe de Normands qui vivent  dans le pays de Galles, afin de récupérer son royaume. Ils finissent par s’établir dans le pays et leur chef Strongbow devient roi de Leinster.

Les XIIème et XIIIème siècles: Les Anglo-Normands

Leur culture de type militaire les engage à établir un régime colonial.

En 1171, le roi Henri II d’Angleterre reçoit l’hommage de ses vassaux normands. Il est reconnu par l’Eglise comme suzerain légitime et prend les villes de Dublin et Wexford  sous sa protection. Les Normands épousent des Irlandaises, participent au commerce et dans une certaine mesure, aux activités culturelles irlandaises. Les coutumes irlandaises ne sont guère affectées par les changements apportés par les Normands.

La culture indigène influence profondément les Normands et en 1336 un parlement édicte des statuts afin de maintenir les deux communautés séparées. Les Anglais et les Irlandais qui vivent parmi eux sont tenus d’utiliser exclusivement la langue, les vêtements, les coutumes et même le style équestre qui sont d’usage en Angleterre. La communauté anglaise considère effectivement l’Irlande comme une colonie.

Les XIVème et XVème siècles: Bruce, puis les Kildare

Les Irlandais de naissance considèrent que leur situation dans le système législatif anglais est intolérable et ils invitent Edward Bruce, frère du roi d’Ecosse à lever une armée et à devenir leur roi. La mort de celui-ci à la bataille de Faughart en 1318 met fin à l’alliance des Irlandais et des Ecossais. Le pays devient alors la proie des guerres locales pendant presqu’un siècle.

A la fin du XVème siècle, à l’issue de la Guerre des deux Roses, la Couronne échoit d’abord aux York et ensuite à la monarchie Tudor. Le déclin de la puissance royale donne aux seigneurs irlandais l’occasion d’acquérir l’autonomie et le pouvoir royal est obligé de nommer un membre des grandes dynasties normandes comme vice-roi.

L’ascension de la dynastie Kildare coïncide avec l’arrivée au pouvoir des Tudor.

Le règne des Kildare représente un tel défi pour Henri VIII qu’il est obligé d’intervenir personnellement dans les affaires irlandaises.

Le XVIème siècle : Les Tudor et la réforme

C’est en Irlande une période marquée par des révoltes incessantes. Des héros militaires s’opposent à la volonté des Tudor de dominer l’île entière. Ces luttes ont laissé des traces : châteaux en ruines, églises sans toit…

Henri VIII (1509-1547) fait exécuter de nombreux membres de la dynastie des Kildare et accélère les modifications radicales de la Constitution irlandaise. En 1541, il devient «roi d’Irlande et chef de l’Eglise d’Irlande».

La Réforme anglaise en ce qui concerne l’Irlande est un acte d’Etat et non une révolution doctrinale.

 

Un parlement irlandais vote en 1536-37, une loi reconnaissant la suprématie royale d’Henri VIII, ainsi que celle d’une Eglise d’Etat dotée du pouvoir de supprimer et de confisquer les monastères. Mais néanmoins, les liens unissant l’Irlande et Rome  restent très forts.

Edouart VI (1557-1553), fils d’Henri, se montre plus radical et impose le « Book of Common Prayer » et le «  Communion service » à la place du Missel Romain et la Messe. L’anglais remplace le latin dans la nouvelle liturgie.

Marie Tudor, sa demi-sœur (épouse du roi Philippe II d’Espagne) lui succède et elle s’empresse de rétablir le catholicisme. L’Irlande devient un facteur important dans la lutte qui oppose les deux puissances maritimes naissantes : l’Angleterre et l’empire des Habsbourg.

Durant le règne d’Elisabeth I (1558-1603), des nobles irlandais mènent la rébellion contre sa politique et font appel aux forces militaires espagnoles. Mais l’expédition de l’Armada espagnole se termine par une défaite au large des côtes irlandaises et au cours de la décennie suivante, lors de la rébellion finale contre la reine, les forces espagnoles et irlandaises alliées sont défaites à Kinsale en 1601.

Le Munster et l’Ulster

Les colons anglais établissent des plantations en Irlande avant de recréer des situations similaires en Amérique du Nord. Durant la seconde moitié du règne de la reine Elisabeth, une politique de plantation plus importante est entreprise et des courtisans élisabéthains participent à la colonisation du Munster. Des colons sont amenés principalement du Devon et des Cornouailles Un système seigneurial de propriété de la terre apparaît, il est à l’origine des propriétés domaniales du Munster.

Après la guerre de Neuf Ans, en 1607, les principaux seigneurs de l’Ulster quittent le pays pour l’Europe pour assurer leur sécurité et leur fuite laisse une grande partie de l’Ulster à la merci du nouveau monarque. Les colons ont marqué l’Ulster de leur empreinte caractéristique notamment par le mode de construction des villes et l’organisation sociale. Beaucoup de nouveaux colons adhèrent à la doctrine presbytérienne de John Knox. Durant les deux siècles suivants, beaucoup d’Irlandais émigrent en Europe.

Les Stuart : la contre révolution

Sous les Stuart, l’Irlande est un royaume doté d’un parlement, mais les souverains continuent à y exercer le pouvoir depuis l’Angleterre. Progressivement, les nouveaux colons assument des fonctions dans le gouvernement de Dublin.

Jacques 1er (1566-1625) et ses descendants essayent d’apaiser les tensions à l’intérieur du royaume d’Irlande.

Charles 1er (1600-1649) son fils, accorde aux «anciens Anglais» le droit de pratiquer leur religion et de porter les armes.

L’Irlande est alors soumise au tourbillon de la guerre. Une insurrection des natifs de l’Ulster menace l’île entière et de plus, Charles demande à ses sujets irlandais de lever une armée pour l’aider à combattre ses sujets hostiles en Ecosse et en Angleterre.

Les Irlandais d’origine profitent de l’occasion pour revendiquer leurs droits sur les terres confisquées.

Les sujets catholiques du roi en Irlande forment la confédération catholique de Kilkenny, destinée à tenir lieu de parlement.

Les Ecossais, les «Têtes Rondes» irlandaises, les soldats confédérés et les forces royalistes s’affrontent en Irlande. Lors de la capture du roi par les Ecossais, Ormonde, son représentant irlandais livre Dublin aux Parlementaires et part en exil en France avec le jeune prince de Galles.

Le VIIème siècle

Olivier Cromwell (1652)

Ainsi, la voie est libre pour le débarquement de l’armée d’Olivier Cromwell dans le port de Dublin. Sa conquête de l’Irlande se résume à une rapide série de victoires.

Dès 1652, le pays est vaincu et Cromwell implante dans les terres confisquées aux coupables de la rébellion, des militaires et les Aventuriers qui avaient participé à l’effort de guerre en plaçant de l’argent sur le marché immobilier irlandais.

Au cours des quarante années suivantes, l’effet de cette implantation aura un effet dramatique. En effet, la propriété de la terre passe à une classe de colons composée de «Nouveaux Anglais» et aux «fidèles» à la cause parlementaire durant la guerre civile.

Un relevé cartographique sera dressé systématiquement et constituera alors le premier relevé cadastral de l’Europe occidentale.

Une classe de propriétaires terriens est mise en place, intéressée par les affaires militaires. Elle aménage de grandes propriétés au cœur de la campagne boisée.

Charles II (1630-1685) : une certaine influence française.

Paradoxalement, le bénéficiaire du succès de Cromwell sera le fils de Charles 1er lorsque les parlementaires irlandais et anglais invitent le Prince de Galles, élevé à la cour de Louis XIV, à accepter la couronne en 1660. Ses liens personnels orientent donc progressivement l’Irlande vers la France.

L’influence française se manifeste dans les transformations opérées à Dublin. L’aménagement de Phenix Park ainsi que la construction de l’hôpital royal à Kilmainham suivant les plans des Invalides à Paris en sont l’exemple le plus marquant.

Sur le plan religieux, Charles II favorise la tolérance. Il permet notamment aux Quakers et aux immigrants juifs de rester. Entre le roi et ses sujets irlandais catholiques se crée une sorte d’accommodement politique allant jusqu’à la reconnaissance des droits civils de ceux-ci !

Jacques II (1633-1701) - Guillaume d’Orange

Le frère de Charles II provoque en Angleterre une crise politique causée par sa volonté de restaurer la religion catholique. Le parlement anglais invite sa fille Marie et son époux Guillaume d’Orange, à monter sur le trône sur la présomption que Jacques s’est rendu en France pour demander de l’aide à Louis  XIV.

Une guerre entre Jacques et Guillaume est désormais inévitable et la population de l’île se trouve divisée par le loyalisme qu’elle manifeste vis-à-vis de l’un ou de l’autre monarque. La campagne dure deux ans, l’armée de Guillaume est constituée d’Anglais et de Hollandais, tandis que celle de Jacques est formée d’Irlandais et de quelques Français envoyés par Louis XIV comme aide militaire. La victoire de Guillaume est accueillie avec soulagement par l’Europe. Jacques se réfugie en France.

Le climat politique de l’époque exige que l’Establishment soit protestant, les nobles catholiques sont donc les perdants.

Durant un demi-siècle encore, la menace d’un retour des Stuarts pèse sur le parlement irlandais de Dublin. L’influence française restera un facteur important de la politique irlandaise. Beaucoup d’Irlandais s’engagèrent dans les armées françaises, espagnoles et autrichiennes.

En Irlande, les partisans de Guillaume d’Orange éloignent de la vie politique ceux qui ne font pas partie de l’Establishment protestant. Les parlementaires irlandais appliquent désormais des « lois pénales » à l’encontre des dissidents de l’Ulster ainsi qu’aux catholiques partisans des Stuarts.

Le XVIIIème siècle

Expansion de l’ascendance protestante

Les fluctuations de l’agriculture irlandaise dépendent de l’évolution de l’Angleterre. La production de viande de bœuf et de textile, coton et lin remplacent la culture des céréales. Le pâturage ovin est introduit dans les terres basses et durant la plus grande partie du siècle, les pâtures dominent le paysage. La pomme de terre commence à constituer une trop grande part dans l’alimentation des pauvres.

D’autre part, l’exportation alimentaire d’Irlande vers l’Angleterre, puis vers les colonies explique la croissance des villes commerciales et la progression de Belfast.

Vers le milieu du siècle, des tensions sectaires se développent dans l’Irlande rurale, des sociétés agraires secrètes se multiplient et tentent d’appliquer un semblant de justice locale. La vieille hostilité entre les Irlandais d’origine et les colons devient une inimitié sectaire en Ulster et aboutit en 1780 à la fondation de l’Ordre d’Orange !

Une apparente prospérité est rendue précaire par une explosion démographique en spirale ainsi que par le mécontentement dû notamment à la dîme et aux loyers excessifs. Cette situation engendre une atmosphère révolutionnaire.

La crise politique qui s’ensuit entrave évidemment l’économie.

La révolution française et la guerre d’indépendance en Amérique trouve le gouvernement irlandais prêt à préserver le pays des menaces d’invasion dès que la France et l’Espagne se rangent aux côtés des colons d’Amérique.

Une milice non officielle, est fondée afin d’assurer la relève de l’armée régulière envoyée Outre-Atlantique. Mécontents du pouvoir qu’a le Parlement anglais de légiférer pour l’Irlande, ces « volontaires » forment rapidement un groupe de pression pour obtenir une réforme parlementaire.

Le gouvernement britannique capitule face à leur pression et il en résulte la défaite anglaise en Amérique ainsi que la chute du gouvernement North à Londres.

A partir de 1789, l’exemple de la France et de ses principes « Liberté, Egalité, Fraternité » influence fortement les classes moyennes irlandaises exclues de la communauté politique.

L’Union : une idée de William Pitt 

Le premier ministre britannique, William Pitt imagine une solution liant l’Emancipation Catholique à une union des parlements irlandais et britannique. Il espère ainsi isoler les éléments républicains les plus radicaux du pays.

La conjonction de l’insurrection à travers le pays et l’invasion française dans l’Ouest de l’Irlande en 1798, détermine Pitt à mettre fin à la rébellion et à préparer la fusion des parlements irlandais et britannique. Il lui faudra deux ans de chantage politique et de manœuvres pour atteindre son objectif.

L’idée de l’Union est pleine de bonnes intentions. Pitt et ses amis la considère comme un moyen de réunir les deux royaumes tout comme cela a été fait pour l’Ecosse un siècle auparavant.

Le gouvernement de Pitt ne réussit néanmoins  pas à accorder l’Emancipation aux Catholiques romains comme il s’y était engagé.

Sur le plan économique, l’Union est parfois citée comme étant à l’origine du déclin de la prospérité qui a précédé la Grande Famine.

Le progrès constaté dans un premier temps laisse bientôt  la place à une crise liée à la guerre en Europe et à la fin de celle-ci en 1815.

XIXème siècle : Emancipation Catholique et montée de la pauvreté

L'île n'en n'est pas moins unie officiellement au royaume de Grande-Bretagne à partir de 1801. Au milieu du siècle, l'Irlande doit faire face à une famine dévastatrice.

La croissance rapide de la population (8 millions d’habitants), provoque de sérieux problèmes de pauvreté. Celle-ci est aggravée par le fait que l’Irlande rurale a été vidée de ses richesses pour soutenir la révolution industrielle en Angleterre.

D’autre part, il devient indispensable d’obtenir la représentation politique  de ceux qui étaient privé du droit de vote. C’est Daniel O’Connell qui, en 1829 obtient l’Emancipation Catholique et dès ce moment, l’appartenance religieuse ne constitue plus une barrière à l’accès à la fonction publique. Pour la plus grande partie des Irlandais, ce succès est ressenti en termes de nationalisme.

Hélas, au cours des années 1840, la  crise atteint les ruraux pauvres dépendants de la pomme de terre. Durant plus de deux ans, la famine règne, la brunissure de la pomme de terre et la fièvre sont la cause d’une situation catastrophique.

La Grande Famine emportera plus d’un quart de la population et un grand nombre de jeunes irlandais s’exilent et se dispersent à travers le monde anglophone.

En 1879, la Land War, agitation agraire, éclate et une série d’importantes lois agraires sont votées entre 1881 et 1903 permettant aux fermiers de racheter leur exploitation aux propriétaires. 

XXème siècle ou l’Indépendance

Réclamant davantage de pouvoir et une réforme agraire, les leaders irlandais cherchent à arracher l’autonomie au gouvernement britannique par le soulèvement de Pâques en 1916, qui, sévèrement réprimé, mène à une guérilla indépendantiste puis à la partition : l’État libre d’Irlande est reconnu par Londres en 1921. Membre du Commonwealth, il est amputé de l’Ulster, ce qui vaut aux nationalistes de se déchirer dans une guerre civile fratricide (1922-1923).

Affecté par la grande crise des années 1930, le pays est dès lors gouverné par le nationaliste Éamon de Valera, très hostile au Royaume-Uni. L'Irlande entretient néanmoins une neutralité bienveillante envers les alliés pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle devient officiellement une république en 1948.

Le nouveau nationalisme fait preuve de peu de tolérance et en 1905, le Sinn Fein (ce qui veut dire « nous-mêmes ») se présente comme une alternative politique qui apporte un message d’autonomie.

Le nationalisme impose la renaissance de la langue irlandaise et de la culture qui y est associée. Création de l’Abbey Theatre et fondation de la National University constituée de collèges à Dublin, Cork et Galway.

L’insurrection éclate à Dublin en 1916. Elle est accueillie  avec une certaine tiédeur, mais après l’exécution de ses leaders et les nombreuses incarcérations, le Sinn Fein remporte la victoire aux élections de 1918.

Les relations anglo-irlandaises sont fortement altérées et au début de l’année 1919, les représentants du Sinn Fein se réunissent en « Assemblée d’Irlande » et proclament unilatéralement l’indépendance de l’Irlande.

Inévitablement, une guerre s’ensuit.

Le traité de 1921 met fin à la guerre anglo-irlandaise et propose une solution à la « question irlandaise ».

L’Irlande du Nord déjà dotée d’une assemblée législative séparée dépendant du parlement de Westminster sera sauvegardée. Le reste du pays reçoit le nom de « Irish Free State » et un statut de dominion, similaire à celui du Canada.

Une guerre civile s’ensuit, le nouvel Etat Libre doit faire face aux problèmes de l’indépendance. Cette guerre civile créera pour des décennies les partis politiques irlandais. Les deux partis principaux dominent le gouvernement dans le Sud et considèrent la séparation comme une solution.

L’Irlande du nord se tourne alors vers le gouvernement britannique qui lui alloue de substantiels subsides et admet également la présence de représentants irlandais au parlement de Westminster.

Dès le début, l’Irlande du Nord limite les principes démocratiques en adoptant le système du parti unique. Elle fait désormais partie du royaume de Grand Bretagne.

Les dernières décennies et le début du XXIème siècle

Longtemps spécialisée quasi exclusivement dans l’agriculture, l'Irlande modernise rapidement son économie en l’ouvrant largement aux investisseurs internationaux et à l’Europe qu’elle rejoint en 1973, au point de devenir, dès les années 1990, le « Tigre celtique ».

Elle connaît une croissance effrénée qui lui fait rejoindre le petit groupe des pays au PIB par habitant le plus élevé. Mais cet élan s’accompagne d’excès que révèle très sévèrement l’éclatement de la bulle spéculative immobilière et financière de 2008.

Bibliographie

L’Irlande, un pays raconté par les siens

Direction : Albert d’Haenens

Equipe coordonnée par Niamh O’Sullivan

Editions Artis Historia

Voir aussi sur http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Irlande_histoire/185768

 


La Politique en Irlande


Système politique irlandais

Le système et les institutions politiques de la République d’Irlande, pays membre de l’Union européenne, mais pas de l’OTAN, se présentent comme suit : le président n’a qu’un nombre très limité de compétences, le Premier ministre est fort, la justice a d’importantes prérogatives constitutionnelles et les collectivités locales n’ont vu leur existence être ancrée constitutionnellement que très récemment…

Le Parlement irlandais

Les électeurs irlandais élisent les 166 membres de la chambre basse du Parlement irlandais, le «  Dáil Éireann », pour une durée de cinq ans. Les députés sont élus selon le scrutin à vote unique transférable dans 42 circonscriptions électorales. Le scrutin à vote unique transférable donne aux électeurs la possibilité d’exprimer leur préférence pour un candidat, tout en répartissant les sièges au système proportionnel. Le grand nombre de circonscriptions réduit toutefois considérablement l’effet de la proportionnelle. Il faut être âgé de 21 au moins pour être élu au Dáil Éireann.

Le parlement dispose également d’une chambre haute : le «  Seanad Éireann », comportant 60 membres élus indirectement. Onze sont nommés par le Premier ministre, six sont choisis par l’Université de Dublin et par l’Université nationale d’Irlande et quarante-trois sont choisis par des panels thématiques réunissant des députés et des représentants des collectivités locales. Il faut être âgé de 21 ans au moins pour être élu au Sénat. L’élection du Sénat a lieu peu après des élections de la chambre basse.

La chambre haute n’a que peu de pouvoir. La chambre basse dispose de plus d’une série de prérogatives exclusives sur lesquelles la chambre haute ne peut même pas s’exprimer: la nomination du Premier ministre, celle de ses ministres et de l’attorney général sur proposition du Premier ministre, l’approbation du budget, la déclaration d’une guerre, la nomination du contrôleur et de l’auditeur général et la ratification de traités ayant des impacts financiers.

Le gouvernement irlandais

Le premier ministre irlandais, nommé Taoiseach, dispose d’un pouvoir étendu et assume notamment les fonctions exercées traditionnellement par le chef de l’État. Il peut  nommer onze membres du Sénat. Le Premier ministre est élu à la majorité simple par la chambre basse du parlement, puis formellement nommé par le président. En cas de démission, il assume le pouvoir jusqu’à la nomination de son successeur.

Le Premier ministre choisit ses ministres, qui sont ensuite confirmés par la chambre basse du Parlement. Le gouvernement ne peut pas compter moins de sept et plus de quinze membres, y compris le Premier ministre et le vice Premier ministre. Les ministres sont collectivement liés par les décisions prises au sein du cabinet. Les membres du gouvernement doivent forcément avoir été élus au Parlement. L’immense majorité des ministres a toujours été issue des rangs de la chambre basse.

Les membres du gouvernement doivent agir dans le respect de la Constitution et peuvent être rappelés à l’ordre par les tribunaux. Dans les cas les plus graves, ils peuvent être emprisonnés.

Le gouvernement est assisté par un Attorney général, élu par la chambre basse du parlement sur proposition du Premier ministre. L’Attorney général, qui conseille le gouvernement en matière juridique, n’est pas membre du gouvernement mais assiste à toutes ses séances.

Le président irlandais

Le président irlandais ne dispose pas de pouvoirs réels dans la vie politique et est élu au suffrage universel. Il n’a même pas le titre nominal de chef de l’exécutif. Les compétences du président sont principalement de deux ordres: il peut refuser au Premier ministre la dissolution du Parlement et il peut soumettre des lois à l’examen de la Cour suprême, sans pouvoir toutefois leur opposer un véto. Il a par ailleurs un droit de grâce, utilisé extrêmement rarement. Sur avis du gouvernement, le président nomme par ailleurs les juges dans tous les tribunaux irlandais, commande les forces armées et représente le pays à l’étranger.

Le président irlandais est élu pour une période de sept ans, renouvelable une seule fois. Il doit avoir au moins 35 ans. L’élection se déroule au suffrage universel. Un candidat doit, pour pouvoir se présenter, recevoir l’appui de 20 membres du parlement ou de quatre conseils de villes ou de comtés ou être le président sortant.

Il n’y a pas de vice-président et des élections doivent être convoquées dans les soixante jours en cas de vacance du pouvoir. En attendant son remplacement, ses tâches sont assurées par une commission présidentielle réunissant le président de la Cour suprême et ceux des deux chambres du Parlement.

Démocratie directe en Irlande

Toute modification de la Constitution irlandaise doit être soumise au référendum populaire. Les Irlandais se sont ainsi prononcés sur tous les Traités fondateurs de l’Union européenne, parfois même à deux reprises. Ils ont également pu s’exprimer sur la suppression de la peine de mort ou sur l’avortement.

Collectivités territoriales en Irlande

L’Irlande est un pays très centralisé et les collectivités y sont donc faibles. Leur existence n’est garantie par la Constitution que depuis 1999. Les collectivités territoriales irlandaises ont des compétences dans les domaines suivants: logement et construction, routes et transports, approvisionnement et épuration des eaux, aménagement et développement local, rénovation urbaine, protection du patrimoine, infrastructure industrielle et touristique, protection de l’environnement et loisirs. Les compétences des collectivités locales sont réglées par la loi, mais ne sont pas inscrites dans la Constitution.

Partis politiques irlandais

Fine Gael

Le Fine Gael est actuellement le plus grand parti politique en Irlande, fondé en 1933 par trois partis, la Communauté des Gaëls, les Chemises bleues et le Parti du centre. Il représentait alors les indépendantistes irlandais qui avaient accepté le Traité anglo-irlandais de 1921, accordant l’indépendance à l’Irlande, la partie nord de l’île restant sous domination britannique. Ce parti d’inspiration démocrate-chrétienne, est généralement considéré comme un peu plus à droite que le Fianna Fail, son grand rival de centre-droite, mais aussi comme le parti politique irlandais le plus pro-européen. Le président du Fine Gael, Enda Kenny, est actuellement le chef du gouvernement irlandais, formé en coalition avec le Parti travailliste.

Parti travailliste

Le Parti travailliste irlandais (Labour Party), est le principal parti de centre-gauche du pays. Le Parti travailliste irlandais a été fondé en 1912. Il a toujours participé aux gouvernements formés par le Fine Gael, mais n’a participé qu’une seule fois, entre 1992 et 1994, aux gouvernements du Fianna Fáil. Lors des élections législatives de février 2011, le Parti travailliste a presque doublé son nombre de députés, réalisant le meilleur score de son histoire et devenant le deuxième parti du pays. Il participe actuellement au gouvernement.

Fianna Fáil

Le Fianna Fáil, fondé en 1926 par des dissidents du Sinn Fein, est le parti qui a traditionnellement dominé la vie politique irlandaise, dirigeant le gouvernement pendant 61 des 79 dernières années.. Le Fianna Fáil suit une ligne politique centriste, mais conservatrice sur les questions de société. Au niveau européen, le Fianna Fáil a adhéré en 2009 au Parti européen des libéraux, démocrates et réformateurs, à laquelle appartiennent les libéraux allemands du FDP ou le Parti libéral-radical suisse. Le Fianna Fáil a enregistré les pires résultats de son histoire lors des élections législatives irlandaises de février 2011 en perdant deux tiers de ses sièges au parlement. Le Fianna Fáil a été au pouvoir pendant 61 des 87 dernières années.

Sinn Féin

Le Sinn Féin, fondé dès 1907, est probablement le parti politique irlandais le mieux connu en Europe continentale puisqu’il a été associé historiquement à l’Armée république irlandaise (IRA) qui a utilisé la violence pour tenter d’obtenir la réunification de l’Irlande. Outre sa volonté d’unir l’Irlande et l’Irlande du Nord dans un seul État indépendant, le Sinn Féin se caractérise par une ligne politique socialiste, siégeant au Parlement européen avec les partis communistes.

Les Verts

Les Verts sont un parti politique écologiste classique, membre du Parti vert européen comme les Verts allemands ou suisses. Fondé en 1981 sous le nom de Parti de l’écologie d’Irlande, puis renommé en Alliance verte en 1983, ils ont pris leur nom actuel en 1988. Les Verts irlandais ont tenté l’expérience gouvernementale en participant au gouvernement du Fianna Fáil entre 2007 et 2011: mal leur en a pris puisqu’ils ont perdu l’intégralité de leurs sièges au parlement lors des élections législatives qui ont suivi.

Parti socialiste

Le Parti socialiste est un petit parti politique d’extrême gauche fondé en 1996 et représenté actuellement par deux députés au parlement irlandais. Il est membre de la Gauche anticapitaliste européenne, comme le Nouveau parti anticapitaliste français.

Alliance “le peuple avant le profit”

L’Alliance “le peuple avant le profit” est un petit parti politique irlandais d’extrême gauche fondé en 2005. Il est représenté depuis les élections législatives de 2011 par deux députés au parlement irlandais.

Parti des travailleurs

Le Parti des travailleurs est un petit parti politique irlandais d’extrême gauche, fondé en 1977 lors d’une scission du Sinn Fein. Le Parti des travailleurs a été représenté au parlement irlandais pendant les années 1980, obtenant jusqu’à 7 sièges lors des élections de 1989. En 1992 toutefois, six de ces sept députés quittèrent le parti pour former la Gauche démocratique.

Pour en savoir plus, sur le net

 

elections-en-europe.net/institutions/systeme-politique-irlandais/

 

 

 

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